De mon point de vue, compétences photographiques et qualité du matériel marchent plus ou moins de paire...
En effet, quand on commence à avoir un oeil un minimum affuté (je parle d'un point de vue cadrage/composition mais aussi sur l'analyse de la qualité d'image), on a aussi généralement envie d'utiliser du matériel avec lequel on est à l'aise et dont les résultats nous satisfont.
Après, chacun place ses exigeances où il le souhaite (peut) en terme de matos, c'est vrai que certains sont plus technophiles que d'autres, mais le matériel a forcément une certaine importance.
C'est marrant car je me suis surtout beaucoup intéressé au matériel et aux fiches techniques à mes débuts, j'ai acheté du meilleur matériel au fur et à mesure. Mais depuis un certain temps, je m'intéresse plus à la culture photographique. J'ai acheté pas mal de bouquins sur des grands photographes et ces livres sont devenus une énorme source d'inspiration pour moi. Ca me donne d'ailleurs envie d'en acheter encore d'autres pour m'imprégner d'univers/regards photographiques intéressants.
Cependant, ça ne m'empêche pas de continuer à choisir mon matériel avec beaucoup de soin, d'autant plus maintenant que mes compétences photographiques ont beaucoup progressé par rapport à mes débuts. Je deviens justement d'autant plus exigeant sur le matériel que j'utilise car je suis habitué à une certaine qualité d'image et je vois plus facilement les défauts.
C'est pareil avec le post-traitement d'ailleurs. Quand je reprends des photos pas toutes récentes, le traitement que j'ai fait à l'époque (même 6 mois avant) ne me convient généralement plus. Là encore, je progresse donc je deviens plus exigeant.
Donc j'ai tendance à penser qu'il est tout à fait vrai que la photo est en premier lieu l'affaire du photographe et de sa capacité à "voir" mais que d'un autre côté, un photographe talentueux n'a généralement pas non plus envie de sacrifier la qualité du rendu d'image… ou alors en connaissance de cause (et dans les limites qu'il juge acceptables) : lorsque le matériel moins qualitatif est plus facilement exploitable et permet donc une plus grande réactivité. Quand j'écris ça, je pense aux photographes qui sont passés au cours du 20ème siècle de la chambre photographique (ou du moyen format) au 24x36 type Leica télémétrique : ils savaient qu'ils perdraient en qualité d'image pure en utilisant un format plus petit mais cela leur permettait de prendre des photos plus spontanées qui n'auraient pas pu être réalisées (ou beaucoup plus difficilement) avec un matériel plus encombrant et exigeant à mettre en oeuvre. A l'heure actuelle, le même parallèle pourrait être fait entre moyen-format numérique et 24x36 numérique : chaque format a ses avantages et ses inconvénients et généralement, le matériel offrant la meilleure qualité d'image est aussi celui qui est le plus exigeant à utiliser. On ne choisit pas forcément le même outil pour prendre une photo de monument destinée à être publiée dans une revue d'architecture que pour suivre une manifestation ou une guerre.
Ensuite, il ne faut pas oublier qu'un matériel d'une certaine qualité est parfois requis dans certains domaines d'activité de la photo : par exemple, dans la mode ou l'architecture, le fait d'utiliser un format plus grand que le 24x36 est parfois demandé par les clients. Ceci étant, les photographes utilisant du matériel à plusieurs dizaines de milliers d'€ sont aussi généralement talentueux (c'est rare d'acheter ce genre de matos s'il n'y a pas un besoin justifié de qualité derrière). Donc la boucle est bouclée de ce point de vue.
Pour terminer mon message, je pense que quand on est dans une démarche de recherche d'amélioration de qualité de ses photos, il ne faut négliger aucun aspect de la chaîne photographique (coup d'oeil et choix de la scène/de l'heure, matériel, prise de vue, post-traitement, impression lorsque c'est le cas). Chaque étape a son importance.
L'idéal est donc de ne négliger aucun maillon dans sa démarche de progression.