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domino
Yes !! Tu as tout compris ! Ce que j'écris ci-après concerne la photo de sports.
Tery peut témoigner que c'est toujours ce que j'ai défendu auprès de lui: un amateur a une liberté bien plus grande que celle d'un pro. Et comparer le travail des pros, et le loisir, la passion, la pratique, d'un amateur, ça n'a pas de sens, ce n'est simplement pas deux approches similaires. Tout comme vouloir "faire comme les pros" n'a aucun sens.
Car l'amateur peut prendre le temps d'essais, de recherche, peut se concentrer sur un objectif, sur un résultat qu'il veut atteindre, attendre le bon moment, l'action souhaitée, pour réaliser un certain type de photos. Ce n'est pas que cela relève nécessairement plus de l'art, c'est juste revenir au sens premier et noble du terme amateur. C'est faire de la photo pour le plaisir sans aucune contrainte, à la poursuite de ce que vous décidez.
La poursuite de l'accréditation ne conduit qu'à une seule chose: vous ferez les mêmes photos que nous sommes des milliers à faire au bord des terrains, des pistes, des circuits ! Quel intérêt ? Pourquoi vouloir se donner des contraintes que le fait d'être amateur vous évite ?! Etre pro ne sanctionne pas nécessairement un niveau. En premier lieu un pro a des contraintes avec lesquelles il doit composer, qui sont tout autant d'obstacles, de difficultés. Pour diverses raisons, il existe des pros infiniment meilleurs que Tery, et d'autres aux résultats pas supérieurs.
Prenons un exemple avec le basket: on peut "rêver" de shooter en NBA comme je le fais parfois, et certains essaient d'obtenir des accréditations en pro A en France, mais qui va prendre le temps de shooter sur des playgrounds dans sa ville ? Pourtant vous aurez tout sous la main: la liberté, l'accès au terrain, un sujet intéressant, aucune contrainte quasiment, et au final rien de déjà vu tous les jours dans le monde. Et parfois bien mieux fait que vous ne le ferez jamais pour des raisons très pratiques. Je suis pro, je fais des photos en NBA, j'ai des publications de ces photos, pourtant pour des raisons pratiques (laissons la notion de talent, floue) je ne suis pas prêt d'obtenir des résultats vus dans Sports Illustrated. Pourquoi ? exemple: quand je shoote à 2000 iso, f/2.8, 1/500e, mon confrère de la NBAE à côté shoote à 125 iso, f/5.6, 1/250e, et obtient des résultats nickels du fait des batteries de flashs utilisés.
Shooter en NBA ça signifie être de son côté du terrain, ne pas en bouger pendant tout le match, avoir un arbitre qui vous gâche un paquet d'action en passant devant vous, quand ce ne sont pas les serveuses pour les premiers rangs, c'est n'avoir aucune liberté de mouvement, gérer des conditions de lumière difficiles. Etre pro ça veut dire rapporter à son agence, son magazine, une sélection variée de photos, qui pourront être utilisées pour des mises en pages diverses, effectuer un editing précis, des légendes en anglais, parfois très détaillées, dans des délais très courts, poireauter pendant l'upload, rentrer dans sa chambre d'hôtel, éditer encore, légender, envoyer, etc. Cela signifie faire surtout des formats paysages quand le marché en a besoin alors que ce sport est tout de même bien vertical, cela signifie faire de l'illustration, penser aux détails.
Quel plaisir peut on prendre à tout cela me direz vous ? Je ne peux me prononcer que sur le mien: je suis avant tout un journaliste. Un photographe de sports est quelqu'un qui a une carte de presse (grosso modo, il y a toujours des exceptions), c'est un journaliste, pas différent de ceux qui écrivent, parlent à la radio ou à la télé. Je ne me suis pas lancé dans ce métier pour faire de "belles photo", ni par passion de la photo, mais parce que j'aime mon métier de journaliste et que la photo est un media intéressant pour le pratiquer.
Ceci dit, être photographe de sport c'est d'abord fondamentalement être journaliste, couvrir un sujet par ce media d'écriture visuelle qu'est la photographie. Un amateur peut vouloir faire des photos "comme les pros", mais en considérant que cela s'arrête à avoir une accréditation, se poser au bord d'un terrain et faire les plus "belles photos" possible, il fait fausse route.