Puisque vous êtes trois ou quatre à avoir réagi au commentaire que j'avais posté, et suite à vos propres réactions, je me permets d'ajouter quelques réflexions personnelles, non pour convaincre, mais pour que chacun puisse mieux définir ses propres choix.
Tout d'abord je crois qu'il faut éviter les amalgames : les vautours ne sont pas des aigles encore moins des ours. En ce qui les concerne, des fauves jusqu'aux gypaètes, comme ils vivent en colonies très nombreuses, surtout en Espagne, je peux très bien comprendre qu'on les nourrisse (déchets porcins et ovins) dans les périodes creuses au moment où le bétail n'est plus dans les pâturages. Les muladares, endroits où sont déversés les déchets des abattoirs locaux, sont depuis longtemps une tradition en Espagne avec sans doute de nos jours une surveillance vétérinaire renforcée. A ce propos, le diclofénac, médicament pour animaux responsable de la disparition des vautours en Inde, est toujours autorisé en Italie et en Espagne.
Outre l'aide alimentaire apportée à ces oiseaux, ces « sites de nourrissage autorisés » permettent de sensibiliser la population locale (visite des écoles) à l'existence des rapaces, mais ils créent ou favorisent également une sorte de tourisme ornithologique avec parfois des dérives, telles celles que l'on peut voir dans les deux vidéos que j'avais proposées et qui apparemment n'ont choqué aucun photographe.
L'aigle a un comportement bien différent. Il vit seul ou en couple, c'est un chasseur qui se nourrit d'oiseaux et de lapins (dont les maladies peuvent expliquer le déclin de la population d'aigles de Bonelli).
A propos de l'affût payant de Birding Tours et d'autres agences peut-être, je ne doute pas qu'il soit bien fait (au prix qu'il pratique), mais « sa tâche de faire venir » l'oiseau ne favorise en rien la protection de l'aigle de Bonelli. Qui lui a confié cette "lourde tâche", la LPO espagnole, les association de protection de l'espèce ? Non, ce sont les clients photographes, dont les demandes répétées contribueront à modifier le comportement de ces chasseurs, et de leur jeune s’ils se reproduisent, car ils prendront l'habitude de trouver une proie toute prête toujours au même endroit, puisque l'affût n'est pas mobile.
Voilà, je sais que ces quelques remarques, encore une fois très personnelles, ne convaincront personne, mais peut-être éveilleront-elles un léger doute parmi le flot de certitudes qui nous aident à vivre.