Bonjour,
je suis personnellement pour cette évolution ; non pas que l'appareil photo doive remplacer la caméra, mais que l'évolution du métier de journaliste (ou de "rapporteur d'image") conduit ce dernier à être capable de produire un reportage "rich media" de manière autonome.
Pour avoir trimballé un Nagra à l'épaule en plus de mon appareil photo dans le sac à dos, j'attends avec impatience un module d'enregistrement sonore performant.
Il y a quelques années, j'étais sceptique à propos de l'évolution de la profession lors du passage en numérique :
- Métadonnées = flicage des photographes et perte de liberté ; plus de droit à l'erreur ;
- Numérique = plus de boulot de retouche pour le photographe (pas payé plus cher) et empiétement sur le métier de retoucheur.
- etc.
Finalement, le Bug du photographe n'a pas eu lieu.
Aujourd'hui, le même problème se reproduit dans les rédactions à propos de l'évolution du métier. Il y a ceux qui ne toucheront jamais un appareil photo ou une caméra (ni un logiciel de montage ou de retouche) car il sont rédacteurs et que ça ne se discute pas. Du côté des SR, même vision : un SR maîtrise InDesign et/ou XPress ; il possède une maîtrise parfaite de la langue ; c'est le gardien du temple. Point barre. Ils ne supportent pas un quelconque changement dans leurs pratiques.
Je préfère remettre en cause mon métier, le redéfinir, car en dehors du terme générique de journaliste (aussi vague que fonctionnaire) je ne pense pas qu'il existe aujourd'hui une dénomination précise pour les domaines de compétence qu'un seul journaliste peu avoir à embrasser aujourd'hui (surtout avec l'essor d'Internet, ultra-gourmand en rich media).
Simplement, je sais qu'entre un SR qui revendique sa spécialité le couteau entre les dents, un rédacteur qui refuse de bosser avec autre chose que InCopy et/ou Word, un photographe qui assène sa "photographie aux photographes" et moi, qui maîtrise toute la chaine de production et de diffusion d'un reportage de bout en bout, suis parfaitement autonome, suis capable de fabriquer un reportage texte / photo / son / vidéo / enrichissement, de l'héberger et d'assurer sa diffusion ; eh bien ça a déjà fait la différence en entretien d'embauche et je suis sûr, en tant que pigiste, que mon synopsis aura toutes les chances de passer, pour peu que je ne livre pas un sujet économique à un magazine de mode.
Je ne dis pas qu'il faut se disperser absolument, mais qu'il ne faut pas refuser à priori ces évolutions qui peuvent déboucher sur des applications qu'on ne soupçonnait pas. Plus personne ne vante aujourd'hui les mérites de la composition à la fonte chaude, pas plus que l'arrivée de l'informatique dans les rédactions (source de beaucoup de fantasmes Big Brotheriens à son époque). C'est juste l'avenir. C'est inconnu. Certains ont peur ; moi ça m'intrigue et m'interesse.
En tout cas, même si j'attendrai un 5D3 ou 5D4 (comme le bon vin, je laisse toujours la technologie acquérir une certaine maturité), je pense qu'entre une appareil photo + une caméra ou un appareil photo capable de faire de la vidéo de grande qualité, le choix (ne serait-ce qu'en raison de l'encombrement) se fait tout seul.