Salut,

ce débat est vieux comme la photographie… ou plutôt, comme les concours de photographes.
Comme ça a été souligné à plusieurs reprises, on bidouillait déjà beaucoup sous l'agrandisseur.
Un tirage, c'est avant tout un choix d'exposition du tirage (après celui de la prise de vue), du masquage, des superpositions de néga (ciels cramés), décalages (relief/contrastes), retouches au pinceau, solarisation, virage etc.
Et on avait alors les aficionados qui sortaient le liseré noir arguant qu'une photo recadrée est impure...
Tout ça provenait, et provient toujours car les outils ont changés mais pas le principe, pour une grande part d’un sentiment d’impuissance face à ces techniques, pour certaines compliquées et nécessitant un apprentissage long et difficile.
Comme toujours, quand on ne connait pas, on est tenté par le rejet, puis pour justifier ce sentiment, le dénigrement qui rend le bannissement plus supportable.
Et les mythes naissent : avec pareils outils on transforme une photo merdique en cliché de rêve. Cela est bien évidemment totalement faux, mais même, ce serait quoi le problème ? Quel est le sous-entendu ?
Serait-ce une pointe de sentiment d’injustice ? Je pousse un peu plus loin, un peu de jalousie ? Le mot est lâché ! Les club-photo, les forums de photographie sont des concours permanents entre photographes. Comme tous les concours, il faut des règles, je suis d’accord. Mais du coup, pour moi, la seule façon de répondre à la question initiale est de répondre à celle-ci : Qu’est ce qui compte ? Le résultat ou la manière ?
Et là resurgit le clivage entre ceux qui font des photos et ceux qui font de la photographie.
Je suis, pour ma part, beaucoup plus attaché au résultat qu’à la manière. Un photographe (celui qui dessine avec la lumière) doit pouvoir utiliser tout ce qui est à sa disposition pour fabriquer son image et diffuser son message. Encore faut-il qu’il y ait un message dans la photo.
Regardez les Grandes photos, pas forcément d’ailleurs des photos de Grands photographes… Techniquement, elles ne sont pas toujours parfaites.
Pêle-mêle, sans que ce soit systématique ni exhaustif, on a souvent un horizon un peu penché, un point un peut approximatif, un flou de bouger, un bout de ciel cramé, un sujet centré ou au contraire coincé dans un coin, etc. Mais pourquoi ont elle marqué les esprits ? Vous ne voyez pas ? Le message !
Bref, pour conclure si la manière compte plus que le résultat, à côté du concours "photo réalisée sans trucages autre que les milliards d’opérations menées par mon ou mes Digics", il faudrait des concours "photo sans regarder dans le viseur", "photos sans cellule", "photo sans mise au point", "Photo sans balance des blancs". Mais il est où le sujet ?

Amitiés,

Bruno