Puisque nous parlons de livres, il faut citer et rendre hommage à René Bouillot. Un très grand Monsieur, qui va manquer. De mon point de vue, ses ouvrages et sa pédagogie font référence.

Une collection qui sera peut-être difficile à trouver mais qui repose presque exclusivement sur les photos, c'est la collection des photographes de l'agence Magnum. La première édition s'était étalée sur deux années, avec un livre photo et un tirage par Auteur marquant.

Depardon, se trouve en librairie avec facilité, y compris en petit format abordable.

Mon éphéméride perpétuel est un cadeau, c'est Doisneau qui l'illustre.

Nous parlions de McCurry, j'ai une admiration de même nature pour Reza, mêmes lieux ou presque, mêmes couleurs ou presque, même sensibilité ou presque.

Très proche de nous et pourtant désormais si loin, le brillant reporter, Rémy Ochlik.

Hetfield va me demander où est la poésie et à juste titre, Capa, McCurry, Reza, Ochlyk... Depuis l'attentat contre nos soldats au Liban, j'étais enfant, je suis fasciné par les reporters en zone de conflit et dans ma vie d'adulte, j'ai voulu tâter du terrain et du kaki... Mais on peut faire le lien avec la littérature, la politique, les choses importantes que fait la photo... Un raccourci par Hemingway qui n'était pas plus manchot avec une plume qu'avec un appareil photo, par exemple, on rejoint ainsi Capa, chez moi, en Espagne.

Quand on nous dit obsédés de technique, on oublie l'importance des tireurs, https://www.eos-numerique.com/forums...60-ans-241607/

On oublie aussi trop vite que de grandes et belles maisons comme Harcourt doivent tout à leur technique, principalement d'éclairage et que c'est un point très particulier du matériel qui leur a donné une sorte d'avantage hégémonique, la lentille de Fresnel... Sans faire ma Cosette, ni souhaiter être porté sur Lacroix...
D'ailleurs, quand je regarde certains portraits, celui de Carole Bouquet, Celui de Laetitia Casta, Piaf, Romy, Dali, Karl, Delon, Gabin, l'Abbé Pierre... J'y vois autant de poésie que de beauté, j'y vois aussi, une saga, une chronique du temps qui passe...

On oublie également, que la technique est d'une certaine manière liée à la photo et que sans poésie aucune, elle peut la desservir, je pense aux tirages spéciaux sous notre ami le Petit père des peuples, ce Joseph qui à défaut d'étable en a envoyé tant à l'abattoir... Sous Staline, on était comme dans l'Egypte ancienne, les déchus voyaient leur nom et leur image effacés de l'Histoire, http://www.touslesstages.com/medias/...uche_photo.pdf

Ainsi, il faut voir ce que la photo représente dans notre monde, ce que nous lui attribuons et ce qu'elle est vraiment. Loisir pour certains, de la poésie au narratif, elle peut être aussi artistique que militante. Dans ce sens, on peut donc se demander, si une bonne image, une image forte, c'est un instant d'équilibre gracile, éphémère et fragile comme un bulle de savon, ou un moment grave et fort, comme la jeune afghane de McCurry ou le Massoud de Reza. On peut aussi se demander, façon Capa, si on est assez près et façon HCB, si c'est le bon moment...

On peut se demander, si parmi toutes les photos célèbres, les plus vues et les plus diffusées, sont celles de Marilyn, de James Dean, de McQueen, ou celles du Che, la guerre d'Espagne par Capa, le Vietnam...
La photo est comme le Diable campé par Pacino, toujours collée à l'humain, dans ce qu'il a de meilleur comme dans ce qu'il a de plus mauvais... Si elle pouvait parler avec des mots et non avec des émotions, elle nous demanderait comment, comment faisons nous pour enfermer tant de bon et de mauvais, dans un seul contenant...

Et c'est là où, peut-être, on peut oublier le matériel... C'est quoi, une image forte?

D'ailleurs, je m'amusais l'autre jour de la technique totalement pifomètrique et empirique de Brassaï, qui avait sa propre vision des lois de réciprocité, entre la Gauloise et la Boyard...

Alors, finalement, que nous apporte la photo, celle que nous regardons et celle que nous faisons?

Je crois, que c'est un peu comme l'auberge espagnole, on y trouve, ce que l'on a apporté avec soi...

Et chacun de nous en parlera à sa manière, selon son point de vue, induisant sa propre perspective... Chacun son prisme!