LA GUINGUETTE

Dans le tournant, avant d’aboutir ici, peut-être avez-vous pu remarquer le puits à présent asséché et recouvert de rochers. On y remontait autrefois de l’eau fraîche pour nos travailleurs fourbus sous la chaleur écrasante de l’été.

Mais à vrai dire, une fois ici, les hommes préféraient boire autre chose. Entendez-vous l’accordéon ? Et le vieux Jeannot, là-bas, assis sur le banc ? Et les rires des jeunes qui, à la tombée du jour viennent s’amuser et boire le bon vin produit sur les coteaux du Mont Brouilly ? Les sourires fleurissent sous les chapeaux, les chopes s’entrechoquent et sur les tables de bois, les branches des platanes distillent une ombre agréable sous laquelle hommes et femmes dansent au milieu des bancs. Là où des ouvriers trouvent un repos mérité et des vieux jouent aux cartes. Ici se tient la guinguette ! Ou plutôt, se tenait...

Car, désormais, seule la nature habite ces murs abandonnés.

Au milieu de la clairière, voyez ce grand platane qui lance ses branches à l’assaut des façades où grimpe le lierre... Ici s’établissait en toute saison un lieu de refuge et de convivialité.

Marcheurs, laissez vagabonder votre imagination au gré des pièces, naviguez entre les murs de parpaings façonnés à partir de la pierre concassée des carrières, et dont les recoins sont sertis de pierres dorées !

Arpentez ce lieu où Lucette, la tenancière, servait le « paradis » pour célébrer la fin des vendanges, ce jus faiblement alcoolisé tout juste sorti du pressoir et qui est le nectar le plus noble extrait de la première pressée. Dans d’autres régions de France, il est appelé le « vin bourru ». Mon père me racontait souvent que Lucette remontait parfois de la cave une puissante eau-de-vie tirée du marc de raisin, avant que lui et ses amis ne redescendent vers les villages du pays des Brouilly® : Saint-Lager, Odenas, Cercié, Charentay, Quincié-en-Beaujolais et Saint-Etienne-la-Varenne.

(Récit : Grégoire Domenach)




ISO100 - 15mm - f6.3 - 1/100s



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