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Discussion: Les difficiles (mais féconds) débuts
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08/05/2015, 22h14 #1
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- Tokina 11-16, Canon 18-55 IS, Canon 55-250 IS, Canon 18-135 stm, Canon40 stm
Les difficiles (mais féconds) débuts
Bonjour,
Je me permets de créer un fil de discussion pour présenter une expérience de vidéaste débutant. Je vais essayer de raconter sans fard, afin que ce récit serve à d'autres ou, qui sait, ouvre des discussions intéressantes sur l’apprentissage ou deux ou trois trucs lié à la fabrication d’un film.
Je reçois aussi avec plaisir toutes vos critiques (et je me rends compte qu'il y en a... je n'arrive presque pas à la regarder).
Le projet a commencé il y a exactement une année, avec mon groupe de musique. Nous sortions de studio et j'ai eu envie de réaliser un petit clip sur un des morceaux. Je venais d’acheter un 70D pour remplacer mon vieux reflex et je découvrais les joies de la vidéo sans encore me rendre compte de la technique exigée, de l’investissement, des difficultés.
Le résultat, vous pouvez le voir ici:
Le projet de départ, c'était de filmer la chanteuse dans les rues de la ville dont parle le texte de la chanson. J'avais en tête l'idée de réaliser un long plan séquence qui dure tout le morceau. Je pensais que ce serait plus simple du point de vue technique (pas de montage), qu'il y aurait une narration et une certaine magie qui se dégagerait automatiquement de ce long plan « réaliste ». Je comptais aussi sur cette ville qui interagirait automatiquement avec la chanteuse, donnant du corps au texte. J'ai découvert le moyen (steadycam), j’ai trouvé sur le web une chinoiserie pas trop chère qui ne me semble en tout cas pas trop à blâmer dans le résultat final. Dans mon esprit, je pensais filmer la chanteuse de face, elle, avançant dans un léger ralenti « nostalgique » au milieu de rues habitées.
Nous nous sommes retrouvés, la chanteuse et moi, un après-midi d’été, déjà bien entamé. Pas de plan précis, je n'avais même pas réfléchis précisément aux rues que nous allions parcourir. Nous n'avions finalement que 2-3 heures.
Débarquant dans la réalité, je me suis montré techniquement incapable de faire un plan plus ou moins correct, de 5 minutes, en marchant en crabe dans cette ville pleines de gens et de lumières différentes. A tout moment survenait un problème majeur : bout de mon épaule qui apparaît, oscillation de la caméra, feux piéton, passants qui me heurtent (même légèrement, c’est fatal). J'ai découvert la malédiction du vidéaste amateur : quand le contenu du plan est sympa, il y a un problème d'éclairage ou de cadrage, quand techniquement l'image est bonne, il ne se passe rien devant l'objectif. Cerise sur le gâteau, alors que depuis une semaine je préparais soigneusement mon matériel, testant, réglant, affutant, mon objectif s’est trouvé avec une grosse poussière (visible au milieu à droite sur plusieurs plans) que je n’ai vue qu’au montage, évidement. J'ai largement sous-estimé le taux de ralentis nécessaire (je pensais qu'à 95% ou 90% l'effet serait atteint) et je n'ai donc pas filmé avec une cadence suffisante.
Je pense que la liste des erreurs de tournage pourrait être allongée, surtout par des yeux experts. J'ai filmé avec une ouverture assez importante et mon objectif grand angle Tokina. A part le problème du poids considérable de l'objectif, pour le steadycam, je crois qu’il sauve à lui seul une bonne partie de mon inexpérience.
Après deux-trois heures de marche forcée dans la ville (j’avais donné la consigne de marcher assez énergiquement), la chanteuse était fatiguée, et moi aussi. Nous avons eu l'idée miraculeuse de faire quelques plans différents (j’avais toujours l’idée de ce long plan séquence, je commençais à envisager d’en utiliser plusieurs). Cela a sauvé le clip je pense.
La deuxième partie, l'étalonnage et le montage a été non moins laborieuse, et bien plus longue. Je me suis rendu compte d'une chose que je connaissais d’expérience dans le monde musical, qui est que "avec du bon matériel de base, c'est facile". Or là, pas de beaucoup de bon matériel...
Comme le matériel de base était très pauvre, j’ai dû utiliser la « plupart » des choses que j’avais filmée (à vue de nez une petite heure de rushes pour 5 minutes). Je ne pouvais pas sélectionner les plans techniquement bons, car aucun ne l'était vraiment (à part peut-être la scène tournante de la grande place) et il ne serait resté rien d'intéressant. Bref, j'ai dû ruser, gratter, maquiller, tordre, pour avoir quelque chose à mont(r)er. Manquant de contenu, j'ai dû compenser avec l'élaboration d'une ambiance. Mais voilà, la colorimétrie demande des connaissances et des techniques, dont j’étais encore plus dépourvu. Bref, je me suis lancé là-dedans, et cela a été très difficile : je me suis rendu compte que passé un certain stade de « qualité » les améliorations d’un côté se payaient de détériorations de l’autre. Les derniers affinages m’ont pris des semaines : je voulais régler un problème et trois autres problèmes surgissaient. J’ai laissé du temps s’écouler pour avoir du recul, prendre le temps de bien finaliser l’esprit calme, mais je me rends compte que dès les premières versions, le résultat n’était pas si mauvais, comparativement. Je crois que si j'ai bien compris mes manques dans la prise de vue et dans le montage, l'étalonnage et la colorimétrie conservent une part de mystère pour moi. J'ai eu des plans qui se dégradaient de manières inexpliquée d'un export à l'autre (la deuxième séquence - les escaliers - qui tout à coup est toute dégueulasse... j'ai décidé d'arrêter là).
Voilà, j'arrête ici. L’expérience était belle. Le résultat ne me déçoit pas, mais je l’imaginais très différent. Il y a eu un affinage dans mon esprit, dans mon apprentissage, et dans le résultat final. Aujourd'hui, je ne vois que des défauts, mais les gens trouvent bien (peut-être qu'ils sont polis): quoi qu'il en soit, je suis sûr que dans quelques années je le redécouvrirai avec plaisir.
Je complèterai éventuellement au gré de mes souvenirs, de vos remarques et question. S'il y a de l'intérêt. Encore une fois : n’hésitez pas à faire toutes les remarques qui vous passent par la tête. J’ai l’intention d’essayer de progresser, d’en commettre d'autres, peut-être avec des musiques plus personnelles. Et puis surtout dans l’espoir que ça puisse vraiment servir à d'autres débutants.
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