L’après-midi du 27 février, nous partons à la recherche du renard et du chat forestier.

Fabien nous emmène à la lisière d’une forêt de sapins. Tout en rejoignant la lisière, nous restons très attentifs aux champs recouverts de neige alentours : si un renard nous aperçoit de loin, c’est foutu. Lorsque nous apercevons une petite tâche noire au loin sur la neige, il nous faut nous baisser et attendre qu’elle disparaisse avant de poursuivre notre chemin vers nos postes d’affut.

Enfin, nous sommes cachés sous les sapins. Malgré les conditions d’affut en apparence plus confortables (assis sur des petits tabourets), l’attente se révèle beaucoup plus difficile : un vent humide souffle dans la forêt. Le matin, je n’avais quasiment pas senti le froid, peut-être aussi grâce au spectacle merveilleux que m’avait offert la petite hermine.

Les minutes passent dans le silence de l’affut, mais aussi le silence de la forêt : pas un chant d’oiseau ne vient troubler le sifflement discret du vent. On croirait une forêt fantôme… d’autant plus qu’entre les troncs des sapins, il n’y a que la neige, ni ronces ni friches, cette forêt semble bien différente de celles que l’on fréquente en Côte d’or.

Un renard finira bien par se montrer, mais bien trop loin pour que nous puissions en ramener quelques images. Nous attendrons le cœur battant qu’il veuille bien se rapprocher de la lisière, en vain. Il part dans la direction opposée.

Nous quittons ce poste au milieu de l’après-midi pour tenter de trouver des chats forestiers que nous photographierons « à l’approche ».

Au détour d’un champ, l’œil de lynx affuté de notre Maitre de stage repère le chat sauvage. Nous nous arrêtons plus bas sur la route, et commençons notre approche. Il est bien compliqué d’être discrets et silencieux à 3, mais le terrain s’y prête assez facilement car il est fortement pentu, et le chat situé plus haut sur la butte ne peut pas nous voir avancer. La neige, molle et parsemée de touffes d’herbe, nous permet également de gagner en discrétion.

Tout à coup, Fabien nous fait signe de nous baisser, il y a quelques mètres plus loin un renard qui mulote dans le champ contre la clôture.

Nous nous allongeons sur le sol, tous les 3 côte à côte, en attendant qu’il se rapproche.

L’improbable se produit : en haut de la colline qui nous surplombe, ce sont d’abord ses oreilles rousses qui apparaissent. Puis son dos, et enfin sa tête toute entière, à seulement quelques mètres de nous, je sais qu’il va nous voir, il va s’enfuir, je n’aurai que quelques secondes pour déclencher : enfin se produit l’instant magique où le regard du renard croise le nôtre , un regard plein d’interrogations qui en une fraction de seconde se mue en inquiétude puis en instinct de survie : le renard détale et fuit à toutes jambes la présence de ces 3 hurluberlus couchés dans la neige.

Quelle poussée d’adrénaline ! Et quelle chance ! Je ne suis pas sure que dans toute ma vie il me sera un jour donné d’approcher de nouveau un renard d’aussi près.


  • EXIF: Canon ( EOS 40D) | 400mm | 1/500s | f/8 | ISO 200




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