Comment séparer l’image de la mémoire de l’image, l’émotion suscitée par le graphisme, la composition, la lumière, de celle que me renvoie le souvenir du moment de la prise de vue ?
Comment savoir si la vue de cette photo pourra provoquer chez vous la même émotion que celle qui m’est renvoyée par les souvenirs de cette journée ?
Et comment savoir laquelle de ces deux photos vous parlera plus que l'autre ?
3 juin 2018 – 6h52. Sortie du port des Minimes pour se rendre au départ de la régate des 3 phares, organisée par le CNLR. Je suis équipier sur un des bateaux.
Il y en a deux, déjà sous spi, qui sont sortis du port avant nous. Nous les suivons dans le chenal.
Le départ est dans quelques minutes, le soleil vient de se lever sur La Rochelle derrière nous, on se rapproche de la bouée « Ouest Minimes » (à gauche) qui matérialise un des points de la ligne de départ.
Entre les deux bateaux, on devine le phare du Lavardin, et, à droite, le soleil illumine un des haubans de mon bateau. J’ai pris quelques instants pour saisir l’appareil, mais le départ arrive, je fais partie de l’équipage et je ne suis pas là en tant que photographe. Il faut faire vite. Quelques clichés, et on range vite. On verra le résultat plus tard…
https://www.eos-numerique.com/attach...8&d=1588843520
3 juin 2018 – 18h56. La régate est terminée. Depuis que nous avons dépassé la bouée d’arrivée, une des bouées du chenal de la Gironde, nous ne sommes plus en course.
La journée a été longue, peu de vent pour descendre le long de l’île d’Oléron. Nous avons passé notre temps à surveiller les autres concurrents et à chercher les risées, à épier le moindre frémissement de l’eau au loin, à aller le chercher pour gagner quelques fractions de nœud, le tout sous un ciel changeant, couvert, avec quelques éclaircies. Plus fatigant pour les nerfs que pour les muscles.
La course est terminée, mais la remise des prix a lieu à Royan, et il nous reste quelques longs milles à parcourir en remontant l’entrée de la Gironde, en dépassant le phare de Cordouan, pour rentrer au port. Alors que la pression aurait dû retomber, car la compétition est terminée, l’ambiance reste bizarre.
Le bateau est sous spi, nous avançons bien sur cette mer plate presque sans houle, mais il y a ce gros cumulo-nimbus posé juste sur notre destination, droit devant nous.
Est-il immobile, ou est-il en train de se rapprocher ? Qu’allons-nous trouver dessous ?
Le courant renforce cette impression de vitesse, il ne faut pas traîner, il va augmenter avec la marée descendante, et les pontons sont encore loin… Nous avons besoin d’un maximum de toile pour maintenir la vitesse, mais nous fonçons tout droit vers cette énorme masse noire. Le Spi que nous portons nous aide bien, mais c’est une voile fragile et de grande surface. Si, tout à coup, il y a une grosse rafale, aurons-nous le temps de l’affaler, pourrons-nous résister ? Tout est calme et le bateau marche bien, mais cette menace noire au loin rend l’ambiance pesante à bord…
Le calme avant la tempête ? :fear::