Le brame n’est plus ce qu’il était.
J’ai essayé d’en comprendre la raison en me basant sur des données réelles ; peut-être aurez-vous d’autres points de vue.
Depuis trois ou quatre ans, dans les Pyrénées orientales, les tableaux de chasse du cerf n’ont cessé d’augmenter.
715 cerfs abattus en 2007, pratiquement le double, 1408 en 2012 et 1632 en 2014.
Les raisons en sont diverses : il s’agit surtout de limiter les dégâts causés à la végétation (forêts, plantations) ; il s’agit peut-être aussi d’une source de revenus pour l’ONF, gestionnaire du domanial.
Samedi 17 octobre, dernier jour de notre séjour photo dans les P-O, nous tombons sur une battue organisée par l’ONF près du col de la Lloze. Une trentaine de chasseurs contemplent leur triste butin : trois cerfs, un daguet, une quinzaine de biches et un sanglier. A 400 euros par chasseur, ça rapporte environ 12000 euros à l’ONF.
En approche guidée, toujours par l’ONF, le tir d’un cervidé peut rapporter entre 200 euros pour un faon et 2000 euros pour un beau cerf adulte.
On comprend pourquoi sont de plus en plus rares les brames de défi, les poursuites et les affrontements entre mâles tels que nous les avons connus en 2008 ou 2009. Ainsi les touristes, les amoureux de la nature et les photographes animaliers ont de plus en plus de mal à entendre, à voir et à rencontrer des animaux de moins en moins nombreux sur des terrains toujours aussi vastes.
Dans ces conditions je me demande si les animaux que je vous présente ici sont encore vivants aujourd’hui.
Nous étions assis au soleil lorsque ce cerf est monté vers nous, est passé à une vingtaine de mètres, nous a jeté un coup d’œil puis a poursuivi sa marche.
Celui-ci avait décelé ma présence mais il était beaucoup plus préoccupé par ses biches que par mes tentatives d’approche.
Autres moments, autres lieux,
mais pour nous toujours la même émotion !