Lumière, écran, impression
Depuis quelques semaines je fais des recherches dans le but qu'une photo retouchée après impression par un labo soit fidèle à celle que je vois à l'écran.
Par les quelques lignes ci-dessous je souhaitais vous faire partager mes résultats. Il reste quelques interrogations que vous pourrez compléter, et certains éléments qui malgré le soin apporté à mes recherches pourraient être erronés.
Les protagonistes sont : la lumière, le couple oeil-cerveau, l'appareil photo, l'écran, le logiciel de retouche (ici Light Room) et le couple labo-papier.
La lumière ou l'éclairage
Elle est primordiale puisque c'est elle qui va conditionner notre perception des couleurs. Par exemple, si on éclaire une page rouge avec une lumière bleue nous verrons une page grise...
Comme vous le savez la lumière naturelle varie dans sa composition au cours de la journée, suivant la saison, l'endroit où l'on se trouve.
Il existe un spectre de référence de la lumière du jour : la lumière du jour au mois de juin entre 12 et 13h par un ciel dégagé et de préférence avec une exposition au Nord !!!!!!!!
Donc hors ces conditions si nous travaillons nos photos près d'une fenêtre nous avons toutes les chances de ne pas percevoir les couleurs de façon optimale.
L'ensemble des couleurs vues par l'oeil humain standard est l'espace LAB c'est le plus grand espace colorimétrique.
Techniquement on a construit essayé de reconstruire l'espace colorimétrique de différentes façons.
Pour faire simple l'espace RVB et basés sur les 3 couleurs primaires (P. Young 1807), c'est le repère utilisé dans les appareils photo, les logiciels photo. l'espace RVB est défini par les 5 paramètres qui définissent la gamme des couleurs (gamut). Les trois premiers sont les 3 couleurs primaires, le point blanc*, le gamma**.
*le point blanc détermine le rapport de force entre les trois primaires pour obtenir le blanc désiré.
**En photographie, cinématographie et vidéo, le gamma caractérise le rendu en contraste d'un support photosensible (émulsion photographique ou pellicule, capteur CCD ou CMOS...) ou d'un signal visuel électronique. Du fait de la non linéarité des tubes cathodiques et des écrans LCD, une correction de gamma est nécessaire dans le traitement des images vidéo.
On peut aussi référencer une couleur par la teinte, la saturation et la luminosité (modèles TSL, TSV), repère utilisé dans Light Room (probablement car plus intuitif), dans Windows, Photoshop, ...
La Commission Internationale de l'Eclairage a défini 3 paramètres de référence :
- la température de couleur c'est l'indice de neutralité du blanc,
- l'index de rendu colorimétrique (CRI) qui doit être supérieur à 90 (il. Il est compris entre 0 et 100).
- l'intensité lumineuse.
La CIE a créé le diagramme colorimétrique CIE-xy (puis d'autres) que l'on retrouve au niveau des sondes de calibration (enfin, la mienne).
En traitement des images la référence pour l'éclairage est le D50 à 5000°K ("D" pour Daylight). Cet éclairage possède une légère dominante jaune.
Les photographe en studio travaillent avec des lumière D50 à 5500°K (sans dominante). L'intensité lumineuse est importante. Une intensité faible provoquera une sensation de couleur plus froide (stimulation des batonnets, cf ci-dessous). La CRI préconise une intensité entre 900 et 4000 lux.
Il existe plusieurs sortes de lampes "lumière du jour" ou "grand spectre" : tubes fluo, ampoules, halogènes. Exemple de marques que j'ai trouvé : Solux, Viva lite.
Conseil : soigner son environnement lumineux en adoptant un éclairage de qualité. Pour le choix ne pas trop se fier au nom mais plutôt aux caractéristiques : température de couleur et CRI. S'il s'agit d'une lampe de bureau, évitez l'abat jour de couleur préférez le blanc et le noir, avec une préférence pour le noir.
Bien sûr ces lampes sont plus chères.
Le couple oeil-cerveau
L'œil fonctionne avec des cellules : les cônes et les bâtonnets (nom donné à cause de leur forme). Les batonnets sont responsables de la vision nocturne donc sensibles au rayonnements vert bleu. Les cônes responsables de la vision diurne sont de trois types en fonction de leur sensibilité : R, V, B...
Un œil idéal voit 8 millions de couleurs, un œil standard en voit en moyenne 1 à 2 millions de couleurs.
Plusieurs critères interviennent dans la capacité à bien ou mal percevoir les couleurs : les capacité individuelles, l'entraînement, l'âge, la fatigue, certaines substances perturbent la vision comme le café, l'alcool, la morphine,...
Mais aussi des phénomènes physiologiques comme la diminution des battements ciliaires, le fait de fixer trop longtemps une couleur. Par exemple, fixez pendant 2 à 3 mn une page rouge, puis regarder une page blanche vous la percevrez légèrement bleuté. La raison : notre cerveau équilibre notre perception de notre environnement. Si celui-ci est déséquilibré chromatiquement parlant il le corrige, dans ce cas en augmentant la sensibilité des cônes "Bleus" d'où la perception du bleu sur une page blanche. Il existe d'autres phénomènes physiologiques de ce type notamment en fonction de l'intensité lumineuse.
Conseil : outre un environnement lumineux de qualité, faire des pauses, regarder ailleurs pendant quelques instants surtout pour un travail avec des dominantes fortes.
Le métamérisme : c'est un phénomène qui peut tromper l'oeil comme l'appareil photo. En gros, Il peut arriver que le capteur d'un appareil photo réponde différemment de la vision humaine. par exemple il peut capturer 2 couleurs identique là où nos yeux voient 2 couleurs différentes ou bien inversement. Je suppose que la qualité du capteur intervient....
L'appareil photo
Il utilise le système RVB.
C'est le premier élément de la chaine, il va coder en langage informatique la couleur que nous percevons (espace LAB) dans un autre espace (RVB). c'est le début des problèmes.
Je n'ai pas trouvé d'informations sur la qualité de ce codage.
Le fichier RAW est-il toujours fiable ? la qualité du capteur intervient-elle ?
Certains boitiers permettent de choisir la température de couleur et l'espace colorimétrique (s-RVB ou addobe RVB, autres ?).
Cela concerne les fichiers JPEG (comme les autres réglages : balance des blancs,...) je suppose.
Mais l'enregistrement en RAW est il concerné ?
Le moniteur ou écran
Il utilise le système RVB.
Le gamma doit être réglé à 2,2.
les écrans" large gamut" montrent d'avantage de couleurs que les autres. L'intérêt est surtout pour les couleurs très saturées.
L'écran reçoit l'image en RVB. Le problème est que les coordonnées RVB reçues par les pixels n'afficheront pas exactement la même couleur sur 2 écrans différents ou le même écran à des moments différents ou la vraie couleur vue (LAB). De plus la reproduction de cette couleur dépend des qualités de l'écran.
Pour cette raison l'International Color Consortium (ICC) a créée la notion de profil dont l'objectif est de caractériser l'écran : on décrit les valeurs RVB à envoyer à l'écran pour afficher une couleur donnée (définie par ses coordonnée L*a*b*).
Par exemple, lorsqu'on fait changer un pneu sur une jante, le centre de gravité de l'ensemble n'est pas centré, on lui rajoute donc un leste a un endroit spécifique de cet ensemble "pneu-jante". Le plomb est l'équivalent du profil ICC, c'est ce que j'ai compris.
Donc deux possibilités : télécharger sur un site un profil correspondant à l'écran ou utiliser une sonde.
Le profil permet d'étalonner l'écran selon une référence pour communes à tous les écrans de ce modèle, c'est du "prêt à porter".
La sonde est la solution la plus onéreuse mais c'est du sur mesure. De plus certaines prennent en compte l'éclairage ambiant, l'étalonnage de l'imprimante.
La sonde vous faite faire un réblage de votre écran (réglage luminosité, constraste et gamma) selon les possibilités de l'écran, puis elle détermine un profil spécifique de votre écran.
Il est conseillé d'étalonner son écran tous les mois.
Le résultat est bien sûr fonction des possibilités intrinsèques de votre écran. je ne reviendrais pas sur les grandes marques d'écran (NEC, LaCie, Eizo) dont les prix dépassent les 1000 euros selon la taille. A noter que je n'ai pas trouvé de tests de ces écrans, ils semblent excellents par principe ???
Certaines autres marques d'écran proposent une gamme plus d'écrans "photo", cela peut être un bon compromis.
Une caractéristique semble importante : la valeur de "LUT" les écrans des marques sus citées ont une valeur de 14 (ceux que j'ai vu). Cela semble intervenir dans le réglage du gamma, avec pour conséquence une amélioration des couleurs. Malheureusement cette caractéristiques n'est pas toujours fournie dans les caractéristiques de l'écran.
A noter que l'étalonnage d'usine de l'écran est plus ou moins bon selon les marques et les modèles.
Quelques conseils dans la mesure de vos envies et de vos finances :
commencer par choisir un bon écran : mieux vaut sacrifier la taille que la qualité.
Pour les caractéristiques : les écrans "large gamut" ne semblent pas être une priorité, plutôt une dalle IPS, il existe des dalles IPS "améliorées", plutôt un rétroéclairage par LEDs que tubes fluo (plus uniforme).
Impérativement utiliser un profil ICC, si possible acheter une sonde.
Le logiciel de retouche
il gère la correspondance entre les différents espaces colorimétriques : entre l'acquisition (RVB), le travaille (TSL ou TSV) et la préparation à l'impression (CMJN).
Light Room travaille dans l'espace colorimétrique pro photo RVB.
Le labo
Il utilise le système de couleur CMJN.
Le gamut de ce système est plus restreint que le RVB lui même plus retreint que le LAB....
Deux paramètres interviennent : l'équipement du labo (ou notre imprimante) et le papier qui selon sa composition et son état de surface va réagir différemment.
Pour cela les laboratoires propose de télécharger des profils ICC correspondants au couple "machine-papier". Il faut ensuite intégrer ces profils dans le logiciel comme Light Room au niveau d'impression / Travaux d'impression / profil. Cela permet d'avoir à l'écran un aperçu du résultat d'impression et de changer les modifications faites sur la photo si nécessaire.
les imprimantes peuvent être également calibrer avec une sonde.
Conclusion : désolé je n'ai pas trouvé la solution miracle. J'espère néanmoins que ces informations vous aiderons.
Comme souvent les performances techniques sont mises en avant au détriment des bénéfices pour l'utilisateur.
Par exemple, une fiche technique va mettre en avant que la bande passante d'un casque audio commence à 10 Hz alors qu'une excellente oreille n'entend qu'à partir de 20Hz... Alors quel intérêt ?
Mon dernier conseil : améliorez votre environnement lumineux. C'est je pense le meilleur rapport qualité/prix et le plus facile (25 euros pour une ampoule de qualité).
quelques agresses internet pour approfondir :
Gnralits sur les couleurs dans le guide de la gestion des couleurs | Arnaud Frich
Comprendre la couleur et maîtriser les profils ICC
Gestion de la couleur - Wikipédia
La gestion des couleurs sur ordinateur
Chapitre*11.*Gestion de la couleur avec GIMP
