Le moment arrivera où je devrai me retourner vers la terre et faire face auxorganisateurs de l’oppression dont je suis victime. Ce que je serai alors contraint de reconnaître, c’est que
l’homme a donné à sa vie des formes qui, au moins en apparence, sont plus fortes que lui. Même avec ma
liberté toute récente je ne puis les briser, je ne puis que soupirer sous leur poids. Par contre, parmi les
exigences qui pèsent sur l’homme, je peux voir lesquelles sont absurdes et lesquelles sont inéluctables. Selon
moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C’est la liberté qui vient de la
capacité de posséder son propre élément. Le poisson possède le sien, de même que l’oiseau et que l’animal
terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l’être humain puisse
prouver qu’il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ?
Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l’instant que je le fasse à l’intérieur
de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. A son pouvoir je n’ai rien à opposer que moi-même –
mais, d’un autre côté, c’est considérable.



Daniel

Ps : t'aurais quand même pu le mettre le texte en suédois