C'est le genre de photo qui dérangent par plusieurs aspect. Elles montrent déjà des choses pas faciles (la misère n'est jamais facile à voir, même en la cotoyant régulièrement), mais aussi elles posent beaucoup de question sur l'éthique du photographe. En effet, quel est le droit du photographe d'exposer ainsi une partie de la vie privée qu'une famille aimerait peut être par pudeur garder pour elle ? Comment prendre et rendre compte d'une telle misère quand on sait qu'un simple réflexe coûte déjà un certain prix, qui finalement n'est là que pour notre plaisir..
Ayant vécût au Tchad durant deux ans, ce sont des questions que je me suis posées pendant un moment. Je ne dis pas qu'il y a de solution parfaite (un peu comme en bioéthique), cependant, en général, je ne prends des photo que lorsque les gens sont d'accord. Le simple fait de s'intéresser aux gens, de parler avec eux peut parfois leur faire extrêmement plaisir, et les rendre très coopératifs. Alors oui, on perd parfois la spontanéité qu'il peut y avoir, on rate quantité d'occasion, mais au moins, je n'ai pas de soucis avec ma conscience.
Je pense à une photo d'un initié en peintures traditionnelle que j'ai mis un an à obtenir. Durant un an, à chaque fois que je pouvais, je demandais s'il était possible de prendre un cliché, à chaque fois, on me répondais que non. Je n'ai jamais pris à la sauvette (par respect mais aussi pour éviter tous les ennuis qui pourraient en découler), et au bout d'un an, on m'a permis enfin d'en prendre. Alors oui, c'est long, mais ca donne d'autant plus de valeur à la photo, et je n'ai pas l'impression de passer pour un voleur.

Ceci dit, la première est assez sympa avec cet encadrement naturel (façon de parler), l'étiquette de médecin du monde en haut apporte un réel plus, combien même on pourrait mal voir beaucoup d'ONG soit disant humanitaire (qui ne se gênent pas pour voyager en première classe... mais là n'est pas le débat), ça apporte un plus, même si je ne saurais l'exprimer.