Bonjour à tous,

Merci Cyndéric pour ce lien, que j’avais déjà consulté (survolé...) en son temps et qui est effectivement très intéressant (c'est quand même mieux quand on comprend la langue de l'Empire....)

Comme le sujet semble réactivé, je me permettrai de faire part de ce que j’avais fini par comprendre d’une partie du problème (celui du milouin). Toutes mes excuses à ceux qui trouveront que j’enfonce ici des portes déjà largement ouvertes pour eux-mêmes.

Pour le milouin, il s’agit bien d’un effet du rolling shutter, mais pas celui bien connu qu’on appelle en anglais le « skew », c’est à dire l’inclinaison par exemple de l’arrière-plan au filé horizontal d’un oiseau, c’est à dire lors d’un mouvement dans le seul plan horizontal, mais d’un autre appelé « spatial aliasing » (repliement spatial ou crénelage spatial) qui se produit en présence d’un déplacement à la fois horizontal et vertical du sujet, ce qu’on avait notamment remarqué en filmant les hélices d’un avion.

Voici le lien d’une petite animation qui montre les deux types de problème: l’inclinaison (bien connue) et la genèse de « l’interruption » de la pale (qui personnellement m’avait échappé…)

upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/49/Rolling_shutter_SMIL.svg
que vous faites précéder de https://

Dans le cas du milouin, l’interruption de l’aile est liée à ce phénomène de « spatial aliasing » suite au déplacement simultané vers le bas et vers la droite de l’oiseau qui abaisse son aile tout en avançant.

Pour ces problèmes, la différence entre l’obturateur mécanique et l’obturateur électronique d’un même appareil à même vitesse d’obturation (disons 1/000s, 1/8000s …) vient d’une part de la différence de vitesse de balayage du rideau par rapport à celle du « scanning », et d’autre part du comportement de lecture des photodiodes dans l’un et l’autre mécanisme.

Dans le cas de l’obturateur mécanique, le temps d’obturation (1/000s, 1/8000S,…) sera obtenu par le délai entre l’ouverture du premier rideau et la fermeture par le deuxième (idem pour le ECFS, c’est le deuxième rideau mécanique qui fait tout). Bien que chaque photodiode ne reçoive la lumière que pendant 1/000 s, 1/8000s,…, le balayage complet du capteur par la fente lumineuse (de haut en bas) prendra 1/250 s, soit 4 ms. La lecture de toutes les photodiodes prendra 1/30s sur le R7, 1/45s sur le R6, 1/50s sur le R5, 1/60s sur le R6II et 1/200s sur le R3 (NB: un peu variable selon les sources...). MAIS dans le cas de l’obturateur mécanique toutes les photodiodes de haut en bas du capteur auront donc été stimulées en 1/250s et attendront ensuite leur lecture avant de se ré-initialiser.
Les problèmes d’écart temporel entre la stimulation du sommet et de la base du capteur seront donc limités à des mouvements de filés très rapides, c’est à dire peu fréquents.

Dans le cas de l’obturateur électronique, chaque photodiode ne « s’ouvrira » pendant 1/000s, 1/8000s… que JUSTE avant sa lecture, avec un balayage du capteur complet (de haut en bas) dans un temps qui dépendra donc des caractéristiques du boitier (cf ci-dessus). Ce qui permet de réutiliser les photodiodes avant et après le passage de la lecture pour alimenter le viseur malgré la cadence élevée (20, 30 voir 40/s)
Mais qui va devenir potentiellement problématique avec les boitiers à lecture plus lente…

A noter aussi que la lecture ne se fait semble-t-il pas ligne par ligne, mais par « paquet » de lignes, 6 à la fois pour le R7, 16 pour R6, ce qui peut rendre les déformations moins progressives et donc plus visibles…

En ES, il n’y a donc aucune relation entre la vitesse d’obturation et les déformations: seule comptent la vitesse relative de déplacement du sujet par rapport au capteur (que ce soit le capteur ou le sujet qui bouge…), et la vitesse de lecture du capteur. Il est clair aussi que pour un sujet remplissant verticalement tout le cadre, le délai de lecture entre le sommet et le base sera plus grand.

Il y a encore deux autres problèmes liés au rolling shutter, le « temporal aliasing » ou crénelage temporel qui se produit lors d’une modification de lumière pendant le balayage, avec des bandes plus ou moins grandes et nombreuses éclairées différemment (flash et LED...), et le « wobble » ou « jello effect » (oscillation ou effet gélatine) , rétrécissement ou élargissement du sujet qu’on voit au défilement rapide des images d’une rafale, et qui est lié aux (micro-)mouvements du capteur tenu à mains levées surtout avec les longues focales.

Voilà ce que j’ai pu (cru?) comprendre pour le problème, du moins pour le milouin.

Pour la mouette, je n’ai rien trouvé de convaincant.

Mais à la réflexion, en lisant ça, il est quand même étonnant que les problèmes soient finalement si rares…

Encore une fois, toutes mes excuses à ceux pour qui ce qui précède est un truisme…

Bonne continuation à tous