article paru dans la revue Reflexe Numerique Ao?t/Setpembre 2004

qui me semble t il devrait r?pondre ? vos inqui?tudes ????

Le ? vol ? d'image autoris?

La situation ?tait devenue explosive : les photographes ?taient ?cartel?s entre leur d?sir de prendre des images et l'autocensure de les publier. On leur disait : ? ne photographiez pas les visages des gens, ni les people, ni les maisons, les barques, les volcans ou les citronniers ?. J'ai d?nonc? plusieurs fois l'appropriation de l'espace public, le viol du droit ? l'information, l'impossibilit? de cr?ation et au final l'atteinte ? la culture, au patrimoine et ? la m?moire de l'humanit?. Pour faire comprendre l'absurde, j'ai carr?ment compar? ? des ? Talibans culturels ? les avocats ou m?me les d?put?s qui faisaient l'apologie du droit ? l'image. Ne parlons m?me pas du ? conseil ?qu'ils nous prodiguaient de faire signer des autorisations ? tous crins. Vous pensez s?rieusement qu'Henri Cartier-Bresson, l'auteur du livre Images ? /a sauvette, a demand? des autorisations dans ses ballades en Chine,dans les bordels en France ou aux lesbiennes de Mexico ? Bien s?r que non, parce c'est impossible. La cr?ation photographique passe au contraire tr?s souvent par le vol des images.
En mai 2004, le tribunal d?barque enfin pour lib?rer la photographie. Premier acte, la Cour de Cassation, si?geant en assembl?e pl?ni?re limite le droit des propri?taires sur l'image de leur bien dans un journal, sur une publicit? ou une carte postale. La haute juridiction affirme que ? le propri?taire d'une chose ne dispose pas d'un droit exclusif sur l'image de celle-ci; il ne peut s'opposer ? I?utilisation de l'image de son bien que lorsque l'image lui cause un trouble anormal ?. La reprcduction de photographies de biens dans la presse, la publicit? ou l'?dition est donc ? nouveau libre.
Ce que l'on voit, on peut le photographier. Une seconde vague ach?ve de lib?rer les photographes le 2 juin, au Tribunal de Grande Instance de Paris. Le photographe Luc Delahaye de Magnum, ?tait accus? d'avoir utilis? sans autorisation l'image d'une personne dans un livre L'autre (?d. Phafdon, 1999) cosign? avec le sociologue Jean Baudrillard. Cette personne d?non?ait un ? pr?judice caract?ris? ?, se plaignant de ? l'exploitation mercantile de ses traits ? laquelle il n'a jamais entendu se pr?ter ?. Le livre repr?sentait des visages anonymes photographi?s dans le m?tro parisien, bien entendu, sans leur autorisation. Luc indiquait d'ailleurs sur la premi?re page de l'ouvrage avoir ? vol? ? ces images. Depuis quelques ann?es on enverrait un tel voleur d'images ? l'?chafaud, mais, surprise, le tribunal d?fend, au contraire le photographe, d?boute le personnage du m?tro et reconna?t enfin la Libert? d'expression
Le tribunal indique que le droit d'une personne sur son image ?n'estpas absolu et c?de, notamment devant le droit ? l'information, droit fondamental prot?g? par l'article 1 0 de Io Convention Europ?enne des Droits de lHomme, qui autorise /a publication d'images de personnes impliqu?es dans un ?v?nement sous r?serve du respect de Io dignit? de Io personne humaine ?. Le droit ? l'image ne peut pas ? faire arbitrairement obstacle d /a libert? de recevoir ou de communiquer des id?es qui s'exprime sp?cialement dans le travail d'un artiste ?.

il reconna?t que ? le but recherch? n'aurait pu ?tre atteint si le photographe avait agi ? d?couvert ? et que ?s'il a vol? " ces images, ce n'est pas sp?cialement dans un but commercial ?, mais ?dans /a perspective de fournir un t?moignage sociologique et artistique particulier sur le comportement humain ?.
Maintenant que justice nous a ?t? rendue, ne soyez plus frileux, et assumons ce ? vol ? des images. Photographiez et publiez sans craintes ! Didier de Fays