Devenir photographe professionnel : un projet impossible ?

[Bly]

Je viens de lire tout le topic. Et je voudrais Luneral te faire part de mes impressions et donner moi aussi mon point de vue.
Au départ je me suis dit : « oulah, celui-là il rêve ».
Honte sur moi !!!
D’une part parce que 2 ans après tu es toujours là pour nous dire que tu as mis ton projet en œuvre tel que tu l’avais conçu plusieurs mois avant son commencement, ce qui montre ta détermination, ton courage, ton entêtement et qui nous prouve que tu as brillamment réussi la 1^ère partie de ton projet. Car on dirait, si je te lis bien que la licence, c’est quasi dans la poche.
Bravo !

Et d’autre part parce que j’ai une fille de 27 ans qui est en train de suivre un parcours similaire au tien : en dépit des multiples difficultés, à se faire une place dans son domaine à elle qui est la peinture, de l’apparence irraisonnée de son projet, je me bats depuis le début pour qu’autour d’elle, les gens respectent son choix et le prennent au sérieux. Je mords le 1^er qui cherche à en rire.
Non seulement je n’ai jamais pensé une seconde que ce n’était qu’un rêve mais j’’ai sommé toute ma famille de se taire lorsque ce projet a commencé à voir le jour dans son esprit.
D’ailleurs, elle était partie pour accepter un boulot de femme de ménage et quand j’ai vu ça c’est moi qui lui aie dit qu’elle avait du talent en peinture, un goût certain pour ça et qui lui ait proposé de la financer tout le temps nécessaire jusqu’à ce qu’elle s’assume toute seule.
Partout autour d’elle on la pressait de se chercher un métier « digne de ce nom ».
Ma famille n’a pas eu honte de l’encourager à prendre ce job de femme de ménage.
Elle est partie de zéro. Sa seule formation dans son domaine c’est que pendant 2 années elle a suivi des cours chaque mercredi aux beaux-arts.
Ce qu’elle a pour elle ? Un talent certain, elle dessine et peint depuis qu’elle a deux ans. Une passion aussi.
Et comme toi elle refusait de commencer sa vie professionnelle dans un domaine qui ne lui plairait pas (plus précisément elle était partie pour souffrir beaucoup en ne se réalisant pas).
Je n’ai pas eu à la convaincre, elle s’en engouffrée en un rien de temps dans cette voie puisque ça lui correspondait.
Je dois préciser que contrairement à toi, pour elle les études dans son domaine privilégié c’était hors de question car elle souffre de toutes sortes de phobies, dont la phobie sociale et surtout la phobie scolaire.
Où elle en est actuellement ? Elle a réussi à se prouver qu’elle pouvait en tirer un certain revenu puisque chaque fois qu’elle a mis ses peintures en vente, elle les a vendues et très rapidement en plus. Progressivement elle prend de l’assurance, son travail gagnant également en qualité elle en augmente le prix.
Elle complète ses revenus en fabriquant des lampes (plus rapides à faire qu'une toile), lampes qui sont souvent vendues (une centaine d'euros quand même voire 120 quand elles lui en coutent à peine 20 en matériau à fabriquer) avant même qu'elles soient terminées. Là aussi devant son succès elle pourra envisager de faire quelque chose de plus sophistiqué et ainsi d'augmenter son prix de vente.

Elle n’en vit pas encore à l’heure actuelle car elle ne produit pas de façon suffisamment régulière.
Si elle commence à trouver la vie de moins en moins difficile, elle n’est pas encore tout à fait sortie de la paralysie que représentent ses phobies.
Alors pour l’instant c’est le RSA qui la fait vivre n’en déplaise à tous ceux qui pensent que les bénéficiaires du RSA sont des assistés + les APL. Et moi qui l’aide quand certains mois ça ne passe pas car elle a son appartement à elle et est devenue quand même autonome, elle se débrouille sans moi le plus souvent.
Et chaque fois qu’elle vent une toile, c’est ça en plus. Financièrement mais pas que.
Chaque toile vendue c’est un pas de plus vers son autonomie, et vers la réalisation totale de ce qui est devenu son projet de vie. Compte tenu de ses « handicaps » psychologiques, elle mettra plus de temps que d’autres pour parvenir à se réaliser mais elle est sur le chemin et personne ne l’arrêtera plus… elle aussi est lancée et pourtant ce projet ne paraissait réaliste pour personne au départ.
la suite en dessous

[Bly]

… Si je voulais apporter mon témoignage, c’est pour dire que lorsque quelqu’un, un jeune mais pas seulement, émet le souhait de se lancer dans un projet qui nous paraît irréalisable compte tenu du contexte économique et surtout compte tenu de la concurrence acharnée, la tendance est de le remettre à sa place en lui disant que son projet est irréaliste et qu’il faut penser d’abord à s’assurer des revenus plus sûrs comme vous avez été très nombreux à le faire sur ce topic.

Je pense plus précisément au message de duo2photographe qui a mis en avant une page d’arguments tout à fait rationnels pour dire la réalité du marché du travail dans le domaine de la photographie aujourd’hui.
Et qui résume bien la tendance que l’on a lorsque quelqu’un émet le vœu de se lancer dans un domaine qui a la réputation d’être bouché. Surtout quand c’est un métier artistique qui permet de se réaliser.

Lunéral ne les a pas écouté et il a eu bien raison car lui qui n’avait il y a deux ans, encore pas son bac en poche, a presque déjà sa licence et envisage de passer un concours prestigieux qui débouchera très certainement un peu son horizon.
En attendant d’y arriver il continue à se perfectionner et pour l’instant il s’assume financièrement même s’il le fait d’une façon non traditionnelle avec une bourse d’étude. Tant qu’il étudiera il bénéficiera d’une bourse et ce n’est selon moi pas un mauvais calcul.
Non seulement il a des ressources financières mais en plus il se forme !
Et pour après ?
Le pire cas qu’il puisse envisager c’est de ne pas trouver de boulot à l’issue de ses études (ce dont je doute mais il faut tout envisager) et de devoir se contenter du RSA lui aussi au début mais débrouillard et déterminé comme il l’est, il réussira bien à se trouver des compléments de revenus grâce à la photo. Et très vite à se démarquer des autres pour réussir à vendre ses multiples talents.

Il vient de nous dire que pour la technique c’est déjà dans la poche et qu’en plus il possède d’autres cordes à son arc, artistiques cette fois vu qu’il envisage de s’orienter vers un concours qui réclame un profil artistique.
Quant à sa culture générale il n’y a qu’à le lire pour savoir qu’il est tout à fait apte à l’étoffer si c’est encore nécessaire, il faut tjrs le faire mais elle est déjà bien développée pour le peu que j’ai lu de lui. Son écriture est irréprochable, il ne fait pas une faute ce qui est extrêmement rare de nos jours, et sa façon de s’exprimer est excellente, ce qui est aussi très rare chez les jeunes gens d’aujourd’hui. Ce qui est selon moi le signe d'une grande aptitude à enregistrer une des bases les plus difficiles de l'apprentissage scolaire et donc de culture général, cette aptitude est un passeport pour tout le reste des apprentissages même si ce n'est pas un passage obligé.
Bref il a toutes les qualités pour réussir dans la voie qu’il s’est choisie.
Il croit en lui ça aussi c’est une qualité indispensable pour surmonter les obstacles et le découragement quand il peut survenir. En dépit de tous les arguments que vous lui avez opposés il a suivi son idée et il faut pour cela une grande confiance en soi et ça non plus ce n’est pas courant à 25 ans.
Il a même trouvé le moyen de se financer un 6d en vivant d’une bourse d’étude !

Bravo Luneral. Moi je sais que tu réussiras. Tu as tout ce qu’il faut pour cela. Ça prendra le temps que ça prendra mais tu réussiras !
Quand on croit en soi et qu’on est déterminé à réaliser ses rêves, tout devient possible.
Trop de gens souffrent de ne pas avoir pu se réaliser. Ce n’est pas seulement le marché du travail qui est bouché. C’est le manque d’imagination ambiant.
Pourquoi certaines personnes réussissent justement là où des milliers d’autres échouent ?
Pas parce qu’elles ont une intelligence supérieure ou de plus grandes compétences. Il en faut mais ça ne fait pas tout.
Elles réussissent parce qu’au lieu de les brider on leur a montré qu’elles pouvaient vivre leurs désirs.
C’est dans l’éducation que ça se passe. Ou alors ça se produit aussi quand on a la chance par la suite de rencontrer les bonnes personnes, celles qui nous disent que beaucoup de choses sont permises pour un peu qu’on le veuille vraiment et qu’on croie en ses aptitudes.
Pardon si j’ai été un peu longue.
Encore bravo luneral et bon vent !