Pour moi, c'est assez simple. Soit la photo "volée" apporte un témoignage ou raconte quelque chose ou montre une situation digne d'intérêt, soit elle n'apporte rien.
J'ai vu le film réalisé sur l'énorme travail de Vivian Maier. Il s'agit aujourd'hui d'un témoignage sur toute une époque parfois proche et d'une réelle démarche artistique. Il faut noter qu'elle n'a quasiment jamais montré son travail et que, pire encore, elle ne l'a pas toujours vu elle-même.
Il m'est arrivé de m'essayer un peu à la photo de rue. Ce n'est pas simple. Il y a la timidité, la peur de la réaction. En fait, c'est un exercice qui demande beaucoup de patience et d'abnégation. Je pense qu'il faut réussir à être là assez longtemps pour faire partie du décor. Je suppose que les grands photographes du genre, Maier ou Doisneau entre autres, ne volaient pas leurs images tant que ça. Il faut être là, ne pas hésiter à adresser un sourire, à créer une forme de complicité. On comprend d'un seul regard si le sujet est réellement hostile ou pas.

Il y a quelques années, j'étais invité à une fête et l'on m'avait demandé de faire les photos. Il y avait une fille tout à fait à mon goût, bien jolie, qui refusait de se laisser photographier. J'ai joué avec elle, faisant mine de tenter de la prendre en portrait sans me cacher du tout. Même, je faisais tout pour qu'elle me remarque. A un moment, elle m'a sourit et s'est laissé faire.

La question du photo-journalisme est d'un autre ordre. Il y a une mission de témoignage et c'est un métier avec ce que ça comporte d'obligation de résultats. L'agence ou la rédaction va exiger des images fortes.

Enfin, je pense que si l'on excepte le cas des paparazzi il n'y a que très rarement une vraie atteinte à l'intimité de la personne. Je suis aussi contre l'obligation de l'autorisation de publication tant qu'il n'est pas évident qu'il y a une atteinte à flagrante à l'honneur ou à quelque chose en lien avec les personnes photographiées.