Salut,

les reflex numériques modernes sont dotés de capacité de traitement du signal qui feraient pâlir d'envie un supercalculateur de la fin des années 1990.
Les compacts, également au passage.

Les données brutes qui sortent du capteur ("au cul des transistors") sont inexploitables en l'état. L’information est là, mais elle est mélangée à des tonnes d’autres qui en brouillent parfois sévèrement la lecture directe. Mais le traitement du signal et une discipline à la limite de la magie puisqu’elle permet d’éliminer avec une précision redoutable la gangue constituée de la plus immonde des bouillies de signaux, qui masque le message.

Le logiciel embarqué dans le boîtier et qui est exécuté par un DSP surpuissants applique alors un traitement du signal en deux dimensions (calcul matriciel) pour trouver des valeurs cohérentes en ayant éliminé le bruit électronique (Canon était très loin devant et tend à être rattrapé par Nikon sur ce calcul) , les aberrations (élimination des pixels chauds ou morts), les pleurements (contamination systématique des pixels entre eux) et j'en passe. Tout le savoir faire des ingénieurs est dans ce traitement et Canon a une longueur d’avance sur ses concurrents (qui se réduit mais reste réelle).

Si on le lui demande, le calculateur embarqué dans le boîtier peut aussi réaliser le dé-matriçage (détermination de la couleur de chaque pixel sur les trois composantes par comparaison avec les pixels voisins – calcul assez maîtrisé maintenant), un dé-moirage (filtrage de certaines fréquences – Canon est loinnnnnn devant Nikon sur ce calcul), quelques traitements d’amélioration du rendu (correction des couleurs, accentuation, etc.) et enfin, le plus facile, une compression jpeg.

Donc oui, quand on regarde une image qui sort d’un boîtier numérique, le résultat que l’on observe est à 90% lié au traitement du signal implémenté par les ingénieurs du fabricant.

Les magazines partent souvent des jpeg produits directement par les boîtiers pour les tests et mesures. Sinon, ils utilisent des raw traités par le logiciel proposé par le constructeur. Pourquoi ? Parce que si l’on veut comparer des choses comparables, et que l’on veut mesurer la performance du constructeur, il faut trouver un terrain où tous les boîtiers peuvent jouer et où les accords entre tel ou tel, voire le talent de développeurs externes (ceux de Adobe par exemple) ne viennent pas perturber la donne.

Enfin, concernant le rendu des reflex comparé à celui des compacts, ce n’est pas une différence de traitement mais de paramètrage de ces traitements. Un réflex va même plus loin et est plus puissant qu’un compact. Par contre, cette puissance n’est pas utilisée dans les mêmes buts. Sur un reflex, on cherche une image de grande qualité et assez neutre pour permettre un traitement à postériori (post-traitement). Dans un compact, on cherche une image flatteuse avec des couleurs saturées, une netteté boostée le tout pour une impression directe.

Amitiés,

Bruno