Bonjour à tous

J’ai décidé d’écrire aujourd’hui un sujet sur mon premier mariage que j’ai pu couvrir le weekend du 10 août. Plusieurs raisons motivent cette envie, la première est que j’ai tout simplement envie de partager mon expérience, ensuite je pense que parler d’une «première fois en mariage» cela doit en intéresser plus d’un sur ce forum ! Et enfin avoir quelques retour de votre part ne serait pas non plus de refus


Le contexte
je crois qu’il ressemble un peu au scénario classique du photographe amateur qui se fait embarquer par ses amis

Cela fait 2 ans que je pratique la photographie un peu plus en profondeur qu’un simple amateur. Fin 2012, un couple d’amis me propose d’être le photographe officiel de leur mariage. Je leur réponds en expliquant clairement les règles du jeu, que je ne suis qu’un amateur et qu’ils me confient une énorme responsabilité (à l’époque, j'espérais au fond de moi même qu’ils décident de donner cette tâche à quelqu’un d’autre car cela me faisait un peu peur tout de même).Après de longue conversation, la décision était enfin prise ...

Les préparatifs

J’avais donc un peu plus de 7 mois pour me préparer à un tel évènement ! L’année dernière j’étais encore équipé d’un «petit» 60D et quelques optiques bon marché, mais j’avais prévu d’acheter début 2013 un 5D Mark III accompagné d’un 24-70 II (l’achat était déjà prévu avant qu’on me confie le mariage), c’était donc une bonne entrée en la matière ! Quelques séances d’entrainement avec ma copine, ma soeur, mon chat, mon poisson rouge, les fleurs du jardin de ma mère ... ont été nécessaire pour une bonne prise en main de ce nouveau joujou

Début 2013, j’ai proposé aux futurs mariés de faire le jour J un «photobooth», pour les incultes il s’agit d’un photomaton dans lequel les invités viennent se faire photographier avec de multiples accessoires fun (moustaches, lunettes, etc.). C’était donc un nouveau défi supplémentaire pour moi, il fallait s’organiser pour réunir tout le matériel (je possède déjà un kit Elinchrom D-Lite 2/4 donc il fallait juste que je trouve un second boitier ainsi qu’une télécommande).

Début mai, les futurs mariés sont venus dans ma région pour effectuer une séance photo en ville. Le but était de faire une photo qui allait être utiliser pour le faire part ! Tout s’est bien passé (ils sont venus le seul jour où il y a eu du soleil ) même si maintenant quand je regarde les photos je les trouve un peu «fades». Un mois après, j’ai donc reçu le faire-part, non peu fier d’y voir une photo de moi dessus . J’ai également proposé de réaliser les menus (côté graphique hein, pas choisir ce qu’on allait manger ) vu que c’est quelque chose qui m'intéresse bien.

Au mois de juin, je pars faire des repérages sur les lieux du mariage, il fait beau, il y a du soleil, je me dis que les conditions de luminosité devrait être à peu prés les mêmes que le jour J. La mairie est minuscule, l’Église est petite, la salle des fêtes est accueillante et le lieu pour les photos de couple est magnifique : un château perdu au milieu de la forêt. Je fais quelques photos pour voir les cadrages que je peux réaliser, tester la luminosité dans l’église pour savoir si j’utiliserai un flash ou non. Le Mark III montait à 2000-3000 ISO maximum, je me suis donc dit que le flash n’était pas obligatoire et que cela m’enlèverait une difficulté supplémentaire (et je préfère le rendu naturel plutôt qu’au flash). Dernier test pour la photo de groupe (environ 150 personnes) dans un champ où j’ai du monté dans un chariot élévateur à 8m de haut ... ! Tout semble OK.

Nous sommes en juillet, le mariage approche et il me reste une chose à régler : le matériel que je vais utiliser. Pour ça le forum m’a été très utile ! Je sais que beaucoup conseille de prendre 2 boitiers d’emblée. Pour moi ce n’était techniquement pas possible et je ne voulais pas m’encombrer pour ce premier mariage, je voulais faire les choses simplement. Côté objectif, je prenais bien évidemment l’indispensable 24-70/2.8 II mais il me fallait également une plus longue focale. J’ai donc hésité entre louer un 70-200/2.8 IS ou un 135/2. C’est ce dernier qui l’a emporté, je me suis dit qu’il serait beaucoup plus discret et léger que le 70-200. Seulement le problème est qu’en louant l’objectif, pour ne pas que ça coute trop cher, je l’ai reçu que 3 jours avant la date du mariage, je n’ai pas pu beaucoup m’entrainer à l’utiliser ! Et le 135/2, tout le monde sait qu’on ne le dompte pas en 5 minutes ...

4 jours avant le mariage, le stress monte d’un cran, je me pose plein de questions, est ce que je vais être à la hauteur ? Est ce que mon matériel va tomber en panne ? Est ce que mes photos vont être à la hauteur des espérances des mariés ? Bref un peu tendu, surtout que je tombe malade (début de gastro ...) le mercredi avec 3 jours d’arrêt maladie à la clé et des centaines de voyages gratuits aux WC par la même occasion . Là, je me dis que je suis vraiment dans le caca (pas de jeu de mots s’il vous plait ).

La veille au soir je me rends à la salle des fêtes pour y installer mon photobooth et faire un dernier check up avec les mariés, à savoir le timing entre les différentes cérémonies, les photos qu’ils veulent avoir en particulier, etc.

Le jour J

Réveil à 8h, dernier check up de mon sac :
- 5D Mark III
- un grip (Phottix, pour ceux qui se posent la question, le joystick est bien présent dessus)
- 2 batteries (Canon)
- 3 cartes mémoires (SD : 8 et 16Go / CF : 4Go)
- 24-70/2.8 II
- 135/2
- 430 EXII
- une vingtaine de piles

Arrivé à 9h chez la coiffeuse. La mariée m’avait prévenu que cela se passait au domicile de la coiffeuse, seulement je ne pensais pas que ce serait dans un minuscule sous sol, mi garage mi cuisine d’été, éclairé par une simple ampoule pendue à un fil ... Là je me suis demandé comment j’allais faire pour réaliser de beaux clichés par rapport au décor ! J’ai fais quelques tests, le Mark III montait maximum à 2000 ISO j’ai donc laissé de côté le flash pour avoir un rendu plus naturel (que je préfère). J’ai travaillé avec le mode M (comme pratiquement toute la journée) ainsi que le 24-70 (le 135 était beaucoup trop long).

10H30, rendez vous dans un magasin de cosmétique pour une manucure et un maquillage avec la maman de la mariée. Décor beaucoup plus sympa avec une multitude de spot, de lumière, de présentoirs colorés, je vais enfin pouvoir m’amuser avec le 135 et sa profondeur de champ. Un seul hic, la maman avait quelques réticences à se faire prendre en photo.

11h30 - 12h30 : pause déjeuner avec les mariés et leurs parents

13h00 : Habillage des mariés, c’est une étape qu’ils ne voulaient pas spécialement avoir en photo mais je leur avait proposé de le faire. Petit problème, ils ont commencé sans me le dire donc je suis arrivé un peu à la bourre, j’ai donc commencé à stresser de plus en plus ! Cela s’est passé dans une petite pièce lumineuse et feutrée, j’ai donc travaillé une fois encore sans flash pour une atmosphère plus douce ! Le 24-70 était de mise également.

13h30 : Photos de groupe (j’avais une petite appréhension concernant le soleil qui est pratiquement à son zénith à cette heure ci. Mais le temps était couvert, ce qui a permis de ne pas avoir trop de contraste sur les photos, mais du coup il y a un peu moins de «peps»)

Départ pour les photos de groupe, dans un lieu somptueux : un château perdu au milieu de la forêt. Malgré tout ça, je sentais que j’étais encore vraiment stressé, le «rythme» des photos était beaucoup plus rapide que le matin où j’avais vraiment le temps de prendre mes photos. Les premiers clichés sont banals, voire sans intérêts, ce qui me dépite de plus en plus et me déstabilise par la même occasion ! Toute l’inspiration que j’avais la veille ou 1h avant le shooting était partie ! Heureusement ma copine était avec moi et elle a réussi à me «débloquer» en me donnant quelques idées ! Finalement la séance se termine bien, les dernières photos m’ont conquis ! Côté objectif, j’avais commencé avec le 24-70, mais j’ai tout de suite changé pour le 135 qui faisait beaucoup moins «photo reportage» que le 24-70. J’avais énormément d’espace autour de moi, j’ai donc pu me déplacer facilement pour réaliser les cadrages que je voulais. J’avais hésité à louer un 70-200, mais du coup je n’ai pas regretté (à ce moment de la journée). Il est clair que pour ce genre de photos, les focales fixes sont un vrai atout (du moins c’est mon avis).

14h30-15h00 : retour au domicile des parents, arrivée des invités. Gros coup de stress, je devais m’habiller en 5 minutes (j’étais toujours en short et t-shirt ) pour faire ensuite les traditionnelles photos de groupe (pas ce qui m’intéresse le plus à vrai dire). L’attraction du moment était sans aucun doute le chariot élévateur dans lequel je devais monter pour faire la photo de groupe finale avec tous les invités ! Pour les photos de groupe, pas de flash évidemment, mais je prenais au moins 5-6 photos en rafale lente pour être sur d’en avoir au moins une avec tous les monde en train de me regarder ! Mode M toujours et 24-70 (évidemment).

15h30 : Cérémonie à la mairie dans le même village que les photos de groupe, le cortège se déplace donc à pieds. La salle des mariages est minuscule, tout le monde ne peut pas rentrer. Je me dépêche de rentrer le premier, pour avoir une bonne place, mais aussi pour faire quelques tests et donc quelques réglages ! J’ai du coup sorti le flash et 24-70 évidemment. Tout se passe bien, photos classiques des signatures et des bisous

16h00 : Cérémonie à l’Église. Il y a beaucoup beaucoup de monde. Les témoins et mariés rentrent beaucoup trop vite dans l’allée centrale, du coup vraiment dur de faire de «belles photos d’entrée» et je ne parle même pas du classique contre jour violent entre la lumière extérieur et intérieur par la porte principale. L’avantage de la cérémonie religieuse est qu’elle dure longtemps, j’ai donc le temps de faire les photos que je veux, et de choisir au calme mes cadrages. Niveau utilisation des objectifs, j’ai du faire 50/50 avec le 24-70 et le 135. En revanche, le 24-70 étant un peu court pour les portraits rapprochés, j’ai trouvé que le 135 était lui, un peu trop long à plusieurs moments ! C’est donc la que je me suis dis qu’un 70-200 aurait été plus approprié ! Étant de nature un peu timide, le plus dur a été de se balader un peu partout dans l’Église (et notamment juste devant les mariés et le prêtre) devant tout le monde. On sent vraiment que tout le monde vous regarde, on a limite l’impression de gêner les invités, ce qui vous vous en doutez n’arrange pas les choses avec le stress que j’avais ! Je sentais par moment que mes mains tremblaient, je ne faisais parfois pas attention à mes réglages (shooter à 1/80 au 135mm ne m’a pas vraiment rendu service ).
La cérémonie se termine et la sortie d’église approche ! Moment que je redoute beaucoup ... Juste avant la sortie, je fais quelques photos des mariés de dos face à la sortie. J’arrive donc au dernier moment pour la sortie d’église, au moins 50 personnes se sont agglutinées devant la porte, avec leur appareil photo et le riz à jeter sur les mariés. Je me suis posté devant tout le monde (normal j’ai envie de dire ) et les mariés sont tellement arrivés vite que pour ne pas tout louper, je me suis pas pris la tête, j’ai mis l’appareil en automatique (oh le méchant) et en rafale (ce qui a parfaitement fonctionné, encore heureux hein :p). Alors bien sur on entend derrière soi «bah moi j’ai le photographe en plein milieu», «je vois rien avec le photographe». C’est un peu stressant à entendre mais en fin de compte je me dis que je suis là pour les mariés et pas pour les invités (en quelques sortes). La cérémonie se termine donc bien et retour au domicile des parents pour le vin d’honneur...

17h30 - 20h00 : Le vin d’honneur. Les mariés m’avaient prévenu que le vin d’honneur n’avait que très peu d’importance pour eux sachant qu’ils ne connaissaient pas grand monde ! C’était donc ma «pause» de la journée. J’en ai tout de même profiter pour faire une petite surprise aux mariés et à leur parents : j’ai retravaillé rapidement 3 photos du shooting au château pour les imprimer en 10x15 (j’avais ramené une imprimante à sublimation thermique Canon SELPHY CP800). J’ai donc imprimé les 3 photos, pour les parents, ainsi que pour les témoins et leurs conjoints. J’ai ensuite disposé les photos sur les tables de repas plus tard dans la soirée, ça a beaucoup plu aux mariés
Enfin, je devais envoyer 3 photos des mariés au journal régional pour une publication le lendemain ! (Le photographe du journal était malade).

20h30 : arrivée à la salle des fêtes pour le repas du soir. Le 24-70 et 430EXII restent collés au Mark III, toujours en mode M. Les mariés ne voulaient pas spécialement un roman photo sur la soirée, donc j’ai pris un peu ce qui me paraissait intéressant ! La déco, les animations, les plats, les buffets, quelques invités ...
Le gros carton de la soirée a été sans aucun doute le photobooth ! Amis photographes si vous faites des mariages je vous le conseille vivement ! Les invités sont restés collés devant l’objectif, mêmes les grands parents ont posé !
Pour réaliser ce photomaton maison j’ai eu besoin de :
- un kit Elinchrom D-Lite 4/2 + 2 parapluies + transmetteur sans fil
- un fond rouge (ou autre couleur )
- un 40D + 18-135 + télécommande filaire de 5m
- un trépied
- un ordinateur portable
- accessoires : lunettes, moustaches, ardoises, cadres, etc.

Le tout scotché de partout pour pas qu’il y ait de casse
Je trouvais plus sympa l’idée de la télécommande plutôt que de prendre moi même les photos ! Pourquoi ? Tout simplement parce que les gens se lâchent plus quand il y a personne derrière l’appareil ! Cela m’a permis de me concentrer uniquement sur la soirée, et de laisser le photobooth en libre service toute la soirée ! Résultat : 450 photos de fous rires et un souvenir mémorable pour les mariés !
Par moment j’ai eu quand même un peu peur pour le matériel (avec les coupes de champagne notamment) mais tout s’est bien passé. Le photobooth était dans une petite pièce fermée dans la salle (pour ne pas gêner les invités avec les flash) donc j’allais voir de temps en temps si tout se passait bien !

La soirée s’est donc très bien passée, aucun couac ni gros problème (même pas de petit à vrai dire). Les mariés étaient ravis !


Bilan de cette expérience

Le bilan de cette expérience est très positif à vrai dire ! J’ai pu découvrir le vrai boulot de photographe (depuis le temps que je voulais le vivre), connaitre les difficultés que cela entrainait de devoir être constamment à l’affut de la bonne photo. Se rendre compte également que faire des photos de mariage ce n’est pas seulement appuyer sur le bouton ... J’ai environ 1500 photos à trier et retravailler.
Cela m’a aussi permis de vivre le mariage de mes amis de l’intérieur, certes je n’ai pas beaucoup profité de cette journée (et de toute façon je ne raffole pas des mariages en tant qu’invité) mais j’ai pu voir tous les coulisses.
Je me rends tout de même compte que je suis à des années lumières d’un photographe professionnel, que ce soit au niveau du matériel, de l’expérience, du traitement des photos ... J’ai eu la mauvaise idée de parcourir quelques sites de photographe spécialisé et ça m’a ... comment dire ... blasé Mais du coup tout ça m’a donné qu’une seule idée en tête : progresser.
Même si les photos ne sont pas parfaites, elles plaisent beaucoup aux mariés et c’est ce qui compte

Est ce que je ferai un autre mariage ?
Pour l’instant je ne sais absolument pas, je n’ai même pas encore fini les photos de ce week-end. Cette journée m’a clairement donné envie de continuer à faire de la photo, mais dans la catégorie mariage je n’en suis pas si sur. Les séances photos au château étaient très intéressantes à réaliser, mais pour tout ce qui est photo de groupe, de soirée, mairie, je trouve ça peu excitant ! Alors pourquoi pas se lancer dans la photo de couple, mais généralement les mariés ne s’amusent pas à prendre un photographe pour la journée et un autre pour la soirée ...


Bref, tout ça ne fait que commencer, ce mariage a confirmé une chose : j’aime la photo et ce n’est pas prés de s’arrêter

Merci d'avoir pris le temps de tout lire !


Florian


  • EXIF: Canon ( EOS 5D Mark III) | 135/2 | 135mm | 1/1600s | f/2.8 | ISO 200